Les fêtes musulmanes sont liées au calendrier lunaire islamique, qui compte douze mois. Comme l’année lunaire est plus courte que l’année solaire, les dates des fêtes varient d’une année à l’autre par rapport au calendrier grégorien. Chaque mois peut être marqué par un événement religieux ou spirituel particulier, mais quelques mois occupent une place centrale dans la vie des musulmans, comme Mouharram, Ramadan ou le mois du pèlerinage.
Le premier mois, Mouharram, correspond au nouvel an musulman. Son dixième jour, appelé Achoura, a plusieurs significations. Pour de nombreux sunnites, il est associé à un jeûne recommandé en souvenir de la délivrance du peuple de Moïse. Pour les chiites, c’est surtout le jour de la commémoration du martyre de l’imam Husayn, petit-fils du prophète Mohammed, à Kerbala.
Le troisième mois, Rabi al-Awwal, est marqué par la célébration du Mawlid, la fête qui commémore la naissance du prophète. Cette célébration, très répandue dans de nombreux pays, n’est pas une obligation religieuse mais une tradition populaire et spirituelle qui donne lieu à des prières, des récitations et parfois des préparations culinaires particulières.
Au cours du huitième mois, Chaaban, beaucoup de musulmans accordent une importance particulière à une nuit souvent appelée "nuit du pardon" ou "nuit de la réconciliation". C’est un moment propice aux invocations et au fait de demander pardon, à Dieu comme aux autres, avant d’entrer dans le mois de Ramadan.
Le neuvième mois, Ramadan, est l’un des temps forts de l’année musulmane. Tout au long de ce mois, les croyants adultes en bonne santé jeûnent de l’aube au coucher du soleil. Ils s’abstiennent de manger, de boire et d’avoir des relations conjugales pendant la journée. Au-delà de la dimension physique, le jeûne invite à la prière, à la lecture du Coran, au contrôle de soi, à la générosité envers les plus démunis et au renforcement du lien avec Dieu.
Selon le Coran, c’est pendant le mois de Ramadan que la révélation a commencé à descendre sur le prophète. Le jeûne est présenté comme un moyen d’accéder à plus de piété et de reconnaissance. Ceux qui sont malades, âgés ou en voyage peuvent être dispensés ou rattraper les jours plus tard, selon les règles prévues par le droit islamique.
Vers la fin de Ramadan, les musulmans accordent une importance particulière à la Nuit du Destin, Laylat al-Qadr, généralement recherchée durant les nuits impaires des dix derniers jours du mois. Elle est décrite dans le Coran comme supérieure à mille mois d’adoration. On y multiplie les prières, les invocations et la lecture du Coran, dans l’espoir de voir ses demandes exaucées et ses fautes pardonnées.
Au premier jour du mois de Chawwal, immédiatement après la fin de Ramadan, les musulmans célèbrent l’Aïd al-Fitr, parfois appelée "petite fête". La journée commence par une prière collective spécifique, généralement accomplie le matin dans une mosquée ou en plein air. Avant cette prière, les fidèles doivent s’acquitter d’une aumône particulière destinée aux pauvres, afin que tous puissent participer à la fête.
L’Aïd al-Fitr est un moment de joie, de retrouvailles familiales et de réconciliation. On s’échange des vœux, on rend visite à ses proches et l’on partage des repas festifs. Dans de nombreux pays, c’est aussi l’occasion d’offrir des cadeaux, en particulier aux enfants.
Le douzième mois, appelé Dhou al-Hijja, est celui du pèlerinage à La Mecque, le hajj. Il s’agit du cinquième pilier de l’islam, obligatoire une fois dans la vie pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Chaque année, des millions de pèlerins se rassemblent en Arabie saoudite pour accomplir une série de rites précis, sur plusieurs jours, autour de La Mecque, de Mina, de Muzdalifa et du mont Arafat.
Le dixième jour de Dhou al-Hijja, les musulmans du monde entier, pèlerins ou non, célèbrent l’Aïd al-Adha, souvent appelée Aïd el-Kébir ou "grande fête". Elle commémore l’épisode où Abraham, mis à l’épreuve, accepte d’offrir son fils en sacrifice, avant que Dieu ne substitue à l’enfant un animal. En souvenir de cette épreuve, ceux qui en ont les moyens font abattre un mouton ou un autre animal, dont la viande est partagée entre la famille, les proches et les personnes dans le besoin. Cette fête a lieu environ soixante-dix jours après la fin de Ramadan.
Achoura, célébrée le dixième jour de Mouharram, peut donner lieu à un jeûne recommandé et à des actes de dévotion. Les significations varient selon les courants de l’islam, mais la journée reste marquée par l’idée de souvenir, de reconnaissance envers Dieu et, pour certains, de méditation sur le sacrifice d’Husayn.
Le Mawlid, qui commémore la naissance du prophète Mohammed au mois de Rabi al-Awwal, n’est pas une obligation religieuse mais demeure très présent dans de nombreuses cultures musulmanes. On y organise des récitations, des chants religieux, des conférences et des réunions familiales ou communautaires. Dans certains pays, des plats ou des pâtisseries spécifiques sont préparés pour cette occasion.
Au-delà des grandes fêtes, l’année musulmane est ponctuée de nuits, de jours et de moments propices à la prière, à la charité et au pardon. Les fêtes ne sont pas seulement des repères calendaires, elles structurent la vie individuelle et collective, renforcent les liens familiaux et communautaires, et rappellent régulièrement aux croyants les grands épisodes fondateurs de leur tradition.